"Que le soleil ne se couche pas sur votre colère" Eph4, 26

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« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘tu ne commettras pas de meurtre, celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal’. Et moi je vous dis quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal ». Ces mots de Jésus que nous rapporte Saint Matthieu (5, 1-22) sont une mise en garde, car la colère est un frein à l’épanouissement de l’amour. Nous voici dans un moment de grâces : le carême. Un moment où Dieu attend notre croissance en amour.

Combien de fois avons-nous regretté des actes commis et des paroles dites pendant que nous étions en colère ? Saint Ignace de Loyola, un des grands maîtres spirituels du discernement dit qu’il ne faut prendre aucune décision importante quand on est en colère par risque de nombreuses erreurs. Mais la plupart du temps, c’est le contraire : par exemple c’est pendant qu’une femme mariée est fâchée qu’elle ramasse ses effets et quitte son foyer ; celui-ci irrité demande le divorce et parfois on voit ainsi un couple qui en arrive à se séparer juste sur un coup de tête irréfléchi pendant un accès de colère alors qu’ils ne le voulaient vraiment pas. C’est lorsque les parents sont dans l’emportement qu’ils battent ou punissent leurs enfants, souvent de façon exagérée. On ne devrait pas punir un enfant parce qu’on est fâché, mais tout simplement pour le corriger. J’ai suivi des histoires de jeunes qui dans la colère et pour ‘punir’ leurs parents ont décidé de se suicider. C’est vrai que les parents en ont souffert, mais ces jeunes ont perdu leur vie.

« Vous êtes savants, mes biens aimés, pourtant que nul ne néglige d’être prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère. Car la colère de l’homme ne réalise pas la justice de Dieu » (Jc 1, 19-20). La Bible nous présente Dieu comme étant lent à la colère. Nous nous mettons en colère pour diverses raisons : nous sommes offensés, déçus, les autres posent des actes que nous jugeons mauvais. C’est vrai que parfois on nous offense et on nous fait du tort. Mais combien de fois avons-nous offensé Dieu ? Nous voulons que les autres agissent avec perfection et pourtant nous-mêmes sommes imparfaits. Que de discorde dans les familles chrétiennes. « Etes-vous en colère ? Ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre ressentiment » (Eph 4, 26). Comment puis-je bien prier, avoir une bonne oraison dans la colère ? Jésus a dit : « si vous voulez donner une offrande et que vous vous rappeliez que quelqu'un a quelque chose contre vous, allez d’abord vous réconcilier, puis donnez votre offrande » (Mt 5, 23-24). La colère ne favorise pas une vraie prière. Nous nous étonnons que les autres nous déçoivent, mais nous aussi leur faisons du tort. Il suffit qu’un enfant par exemple casse un verre ou un plat ; dans bien de cas il sera injurié et sévèrement puni par ses parents. Pourtant lorsqu'un verre se casse entre nos mains, nous nous trouvons rapidement des excuses : « je n’ai pas fait exprès, le verre a glissé de mes mains, je ne l’avais pas vu ». Nous nous comprenons nous-mêmes et avons souvent du mal à comprendre les autres. La colère est une œuvre de la chair (cf Gal 5, 19-21). Parfois nous poussons même le bouchon très loin en accusant les autres de nos erreurs et en nous mettant en colère contre eux des fautes que nous avons commises. On s’en prend aux autres et on se défile de toute responsabilité.

« Que ton esprit ne se hâte pas de s’irriter car l’irritation gît au cœur des insensés » (Qo 7, 9). Jésus nous demande de ne pas juger les autres afin de ne pas être jugés. Il nous demande de pardonner si nous voulons être pardonnés : « pardonne-nous nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6, 12). Et Matthieu (6,14) est clair sur le fait que notre pardon dépend du pardon que nous accordons aux autres. Dans Matthieu 8, 23-35 Jésus nous donne la parabole du maître qui voulait régler ses comptes avec ses serviteurs. Parmi eux, se trouvait un qui lui devait beaucoup d’argent : comme il n’avait pas de quoi rembourser, le maître donna l’ordre de le vendre ainsi que sa femme, ses enfants et tout ce qu’il avait en remboursement de sa dette. Se jetant alors au pied du roi, le serviteur lui disait : « pitié, prends patience, je te rembourserai tout ». Pris de pitié, le maître le laissa aller et lui remit sa dette. En sortant du palais, le serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait très peu d’argent ; il le prit par la nuque et le serrait à l’étrangler en disant : « rembourse mon argent »; son compagnon se jeta à ses pieds en disant : ‘ »prends patience envers moi, je te rembourserai’ » mais l’autre refusa il s’en alla le faire jeter en prison, en attendant qu’il eut tout remboursé. Voyant ce qui était arrivé, les spectateurs allèrent informer le maître de tout ce qui était arrivé. Alors le faisant venir, il lui dit : « mauvais serviteur, je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’en avais supplié ; ne devais-tu pas toi aussi avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même, j’ai eu pitié de toi ? Puis le maître le mis en prison » c’est ainsi que mon père vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. Cette parabole de Jésus nous enseigne la nécessité du pardon, de la patience.

Le 25 mars, en la fête de l’Annonciation, le Mouvement de l’Incarnation organise une journée de réconciliation pour les membres des groupes Parole de Dieu. Si Dieu le Père nous a pardonné, en envoyant son Fils s’incarner, nous aussi nous devons pardonner. Ce pardon peut être offert avant cette date et être présenté en ce jour. Nous pouvons également poser un acte de réconciliation le jour de l’Annonciation. Même au cas où le pardon est difficile, prier pour celui qui vous a offensés.

Henri Bayemi